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souvenait de ce que La Fontaine avait écrit dans la préface de son roman de Psyché, où il a employé tour à tour ces deux formes du langage.

« J’ai trouvé de plus grandes difficultés dans cet ouvrage qu’en aucun autre qui soit sorti de ma plume. Cela surprendra sans doute ceux qui le liront : on ne s’imaginera jamais qu’une fable contée en prose m’ait tant emporté de loisirs, car, pour le point principal, qui est la conduite, j’avois mon guide ; il m’étoit impossible de m’égarer : Apulée me fournissoit la matière. Il ne restoit que la forme, c’est-à-dire les paroles, et d’amener de la prose à quelque point de perfection, il ne semble pas que ce soit une chose fort malaisée ; c’est la langue naturelle de tous les hommes. Avec cela, je confesse qu’elle me coûte autant que les vers, que si jamais elle m’a coûté, c’est dans cet ouvrage. Je ne savois quel caractère choisir… »

Tel était précisément l’embarras de Perrault, lorsqu’un heureux hasard le mit sur la voie. Dans la dédicace de son conte de Marmoisan à la fille de notre auteur, Mlle Lhéritier rapporte que dans une compagnie de personnes distinguées, où elle se trouvait, on décerna une infinité d’éloges à Griselidis à Peau d’Ane et aux Souhaits ridicules, puis elle ajoute : « On fit encore cent réflexions dans lesquelles on s’empressa de rendre justice au mérite de ce savant homme, dont il vous est si glorieux