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D’un autre côté, laisser les contes en prose comme au siècle précédent, semblait une tentative bien hardie à une époque où, depuis le grand succès des contes et des fables de La Fontaine, il était de règle de versifier les sujets de peu d’étendue, ainsi que ceux qu’on destinait au théâtre ; où, pressé par un commandement du roi, Molière s’excusait de n’avoir pas eu le loisir de mettre toute la Princesse d’Élide en vers, et où Thomas Corneille, dans l’intérêt de l’œuvre, cousait des rimes à l’admirable prose du Festin de Pierre.

Perrault avait l’esprit aventureux ; mais il était de son temps. Il n’attaquait les anciens qu’au profit des modernes, dont il partageait les idées. Ainsi que l’a dit M. H. Rigaud, dans son histoire de la fameuse querelle, « il était tout entier de son siècle par ses admirations comme par ses dédains. Au Panthéon il opposait le Louvre ; il ne songeait pas un instant à la cathédrale de Bourges ni à Notre-Dame de Paris. » Jamais de lui-même il ne se serait avisé, lui, un académicien, d’écrire des contes en prose.

D’ailleurs, il avait sans doute lu en manuscrit Finette ou l’adroite princesse, que Mlle Lhéritier, sa parente, publia la même année que parut sa Belle au bois dormant, et cet exemple n’était pas fait pour le décider. La prose, en pareil cas, n’offrait pas moins de difficulté que les vers, et Perrault se