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ne demandait qu’à s’enfuir loin de sa mère et de sa sœur.

Elle monta donc tout de suite dans le carrosse royal, et, quand on fut arrivé au château, ainsi que les petits hommes l’avaient promis, on célébra les noces en grande pompe.

Au bout d’un an la reine accoucha d’un garçon. Sa belle-mère apprit son bonheur et vint avec sa fille sous prétexte de lui faire une visite.

Lorsque le roi fut sorti et qu’elles se virent sans témoins, la mégère et sa fille prirent la reine, celle-ci par la tête, celle-là par les pieds, et la jetèrent dans la rivière.

La mère ensuite mit sa fille dans le lit et lui couvrit le visage. À son retour le roi voulut causer avec sa femme, mais la vieille lui cria :

— Chut ! Ce n’est pas le moment : elle a la fièvre ; il faut la laisser en paix.

Le roi n’eut aucun soupçon et ne revint que le lendemain matin. Quand il s’adressa à sa femme et qu’elle ne put se dispenser de répondre, il vit qu’à chaque parole un crapaud lui sortait de la bouche, comme autrefois il en sortait une pièce d’or.

Il demanda ce que cela voulait dire ; la vieille lui répondit que cela provenait de l’indisposition de la reine et ne devait pas durer. Or, la nuit, le garçon de cuisine vit paraître un canard qui lui dit ces paroles :