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que La Fontaine n’était pas une sorte de fablier qui se couvrait de fleurs et portait des fruits naturellement et sans aucune peine. Sa fausse paresse cachait un travail incessant, ses fréquentes distractions venaient d’une préoccupation perpétuelle. M. de Banville, bon juge en la matière, a expliqué cette absorption d’un esprit supérieur par « les formidables efforts qu’a demandés la création du vers libre ; » j’ajoute avec Perrault : et du « genre de poésie » qu’il voulait y renfermer[1].

C’est pour n’avoir pas possédé cette rare faculté que Perrault a été un aussi médiocre versificateur ; et c’est pour avoir reconnu son immense infériorité sur ce point qu’il a mérité plus tard d’être regardé ainsi que La Fontaine, comme le premier dans son genre.

  1. Voir d’ailleurs l’excellente édition de La Fontaine, par M. Louis Moland (Garnier, 1876), où cette vérité éclate à chaque page.