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une naïveté spirituelle et une plaisanterie originale qui, n’ayant jamais rien de froid, cause une surprise toujours nouvelle. Ces qualités si délicates, si faciles à dégénérer en mal et à faire un effet tout contraire à celui que l’auteur en attend, ont plu à tout le monde, aux sérieux, aux enjoués, aux cavaliers, aux dames et aux vieillards de même qu’aux enfants. Jamais personne n’a mieux mérité d’être regardé comme original, et comme le premier en son espèce. Non-seulement il a inventé le genre de poésie où il s’est appliqué, mais il l’a porté à la dernière perfection ; de sorte qu’il est le premier, et pour l’avoir inventé, et pour y avoir tellement excellé que personne ne pourra jamais avoir que la seconde place en ce genre d’écrire. Les bonnes choses qu’il faisoit lui coûtoient peu parce qu’elles couloient de source et qu’il ne faisoit presque autre chose que d’exprimer naturellement ses propres pensées et se peindre lui-même. Son plus bel ouvrage et qui vivra éternellement, c’est son recueil des fables d’Ésope qu’il a traduites ou paraphrasées. Il a joint au bon sens d’Ésope des ornements de son invention, si convenables, si judicieux et si réjouissants en même temps, qu’il est malaisé de faire une ; lecture plus utile et plus agréable tout ensemble. » : Ce portrait est excellent, et il se trouve que l’auteur s’y est peint lui-même. Il n’y a qu’un trait qui ne soit point exact. Il est reconnu aujourd’hui