Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/228

Cette page n’a pas encore été corrigée

de Votre Altesse, vous envoie ce poisson avec ses respects et vous dit : À grand seigneur petit présent.

Le roi, de cet air gai qu’il prend d’habitude avec quiconque lui apporte quelque chose, répondait au chat :

— Dis à ce seigneur, qui m’est inconnu, que je lui rends grâces du fond de l’âme.

D’autres fois, lorsqu’on chassait au marais ou au bois d’Astroni, le chat y allait et, quand les chasseurs avaient abattu quelques belles pièces de gibier[1], il les ramassait et les présentait au monarque avec les mêmes compliments. Il usa tant de fois de cet artifice qu’un beau matin le roi lui dit :

— Je me sens tellement obligé à ce seigneur Gagliuso que je désire le connaître pour lui rendre toute l’affection qu’il me témoigne.

À quoi le chat répondit :

— Le désir du seigneur Gagliuso est de donner son sang et sa vie pour votre couronne. Demain matin, sans faute, quand le soleil aura mis le feu à la paille des champs de l’air, il viendra vous faire la révérence.

Le lendemain, le chat revint chez le roi et lui dit :

— Sire, le seigneur Gagliuso vous prie de l’excuser. S’il n’est

  1. O golano, o parrella, o capofuscolo. Je n’ai pu découvrir le sens de ces noms d’oiseaux.