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écrivît Griselidis, Peau d’Ane et les Souhaits ridicules. Il est bien probable d’ailleurs que c’est à l’apologue du fabuliste que ce dernier a emprunté le Jupiter des Souhaits.

Pour défendre ses contes, Perrault n’appelait modestement à son secours que les gens d’esprit de l’antiquité : Ésope, Lucien, Apulée ; La Fontaine, plus hardi et plus irrévérencieux, avait écrit, vingt-cinq ans auparavant, dans sa fable Contre ceux qui ont le goût difficile :

Vraiment, me diront nos critiques,
Vous parlez magnifiquement
De cinq ou six contes d’enfant.
Censeurs, en voulez-vous qui soient plus authentiques
Et d’un style plus haut ? En voici. Les Troyens,
Après dix ans de guerre autour de leurs murailles,
Avoient lassé les Grecs qui, par mille moyens,
Par mille assauts, par cent batailles,
N’avoient pu mettre à bout cette fière cité ;
Quand un cheval de bois, par Minerve inventé…

et, ouvrant la bouche de plus en plus grande, durant huit vers encore, il prolonge sa période, puis s’arrête court et se fait déclarer par « quelqu’un de nos auteurs, » que le cheval de bois ainsi que les héros homériques avec leurs phalanges,

Sont des contes plus étranges
Qu’un renard qui cajole un corbeau sur sa voix.

Il revient sur ce sujet au début de chaque livre :