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assez mal appliqué, car la vérité est que le terrible maréchal n’eut qu’une seule femme, Catherine de Thouars, « qu’il respecta, dit M. J. Macé, comme un chevalier du temps de Dunois respectait sa dame. »

C’est par le sobriquet de Croquemitaine qu’il aurait fallu désigner cet égorgeur d’enfants, si Croquemitaine n’était un monstre plus débonnaire encore que Barbe bleue ne l’est devenu avec le temps.

On a tenté aussi et sans plus de raison d’identifier la Barbe bleue avec un roi breton du vie siècle, nommé Comorus, Comorre, Commorre ou Conamor, qui épousa sainte Trophime, fille d’un duc de Vannes. Le Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle prétend même qu’on a retrouvé, il y a quelques années, dans une chapelle du Morbihan, des peintures à fresque datant du xviiie siècle et représentant la légende de sainte Trophime.

Ces peintures reproduisent dans tous ses détails l’histoire de la Barbe bleue, avec cette seule différence qu’au dernier tableau l’époux barbare pend sa femme, laquelle est ensuite ressuscitée par saint Gildas, qui est accouru avec les frères de la victime.

Dans les Grandes Cronicques d’Alain Bouchard (in-folio, Nantes, 1531, p. 52), l’histoire est beaucoup plus simple. Comorus ayant déjà fait périr plusieurs femmes, Gueroch, comte de Vannes, lui refuse sa fille nommée Triphime ; il finit pourtant par la lui octroyer, « moyennant la promesse qu’à