Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/176

Cette page n’a pas encore été corrigée


Lorsque le loup eut apaisé son vorace appétit, il se recoucha, s’endormit et se mit à ronfler tout haut. Le chasseur passait par là ; il pensa : « Comme la vieille ronfle ! Voyons si elle n’a besoin de rien. »

Il entra dans la chambre et, s’approchant du lit, il vit que le loup y était couché.

— Te voilà enfin, dit-il, vieux pécheur ! il y a longtemps que je te cherche.

Il allait mettre en joue sa carabine, quand il songea que le loup pourrait bien avoir mangé la mère-grand, et qu’il serait encore temps de la sauver.

Au lieu de faire feu, il prit des ciseaux et commença de découdre le ventre au loup endormi. Après qu’il eut donné deux coups de ciseaux, il vit briller le petit Chaperon rouge ; deux nouveaux coups, et la fillette sauta dehors en s’écriant :

— Ah ! quelle peur j’ai eue ! comme il faisait noir dans le corps du loup !

Puis vint la vieille grand’mère encore vivante, mais à peine pouvait-elle respirer.

Le petit Chaperon rouge ramassa vite de grosses pierres, et ils en remplirent le ventre du loup. Quand le compère s’éveilla, il voulut sauter à bas du lit ; mais les pierres étaient si lourdes qu’aussitôt il retomba : il était mort.

Tous trois furent bien contents ; le chasseur prit la peau du loup et l’emporta ; la mère-grand mangea le gâteau et but le vin que le petit Chaperon avait