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propos, se laissa embrasser par lui et revint au village, la figure noire et flétrie : l’inconnu était un démon au souffle empoisonné.

Cette historiette nous mène à considérer celle de Perrault comme une allégorie, et nous avons déclaré dans l’Introduction notre répugnance pour l’allégorie en matière de conte.

Nous n’avons pas caché davantage notre peu de goût pour le symbole, et, comme il n’y a presque rien à dire du Petit Chaperon rouge, nous allons consacrer quelques lignes à exposer un des motifs de notre répulsion. Dans la version allemande que nous donnons ci-après, la fillette est retirée du ventre du loup par un chasseur.

Se fondant sur des textes traduits par M. Max .

    femmes. Elle boit de plus trois tonneaux d’hydromel.
        — Je n’ai jamais vu, dit Toser, fiancée tant manger et tant boire.
        — C’est, répond Loki, qu’elle jeûne depuis huit jours, tant était grand son désir de vous voir !
        À ces mots, Toser, avide d’embrasser la fiancée, lève son voile, mais à la vue de ses yeux il recule épouvanté jusqu’au bout de la salle et s’écrie :
        — Qu’ils sont terribles, les yeux de Frouwa !
        — C’est, répond Loki, que depuis huit nuits elle ne dort pas, tant est grand son désir de vous voir !
        Toser alors fait chercher le marteau pour le placer, selon la coutume, sur les genoux de la fiancée. Donar s’en saisit et abat le prince des géants. (Colshorn, Deutsche Mythologie, p. 139, et suiv.)
        Ne dirait-on pas le premier germe du dialogue entre le loup et le petit Chaperon rouge ?