Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/152

Cette page n’a pas encore été corrigée

donjon. Elle y avait monté par un escalier fort étroit, qui aboutissait à une petite porte. Une clef toute rouillée était à la serrure.

La princesse tourna la clef, ouvrit la porte et aperçut dans un petit galetas une bonne vieille qui filait sa quenouille.

— Bonjour, ma bonne femme ! dit la princesse, que faites-vous là ?

— Je file, répondit la vieille en dodelinant de la tête.

— Comme cela tourne gentiment ! reprit la princesse et, s’emparant du fuseau, elle essaya de filer.

Elle ne l’eut pas plutôt touché que le charme jeté par la méchante fée opéra, et qu’elle se perça le doigt. Cette légère blessure la fit tomber sur un lit, dans un profond sommeil, et ce sommeil s’étendit à tout le château.

Le roi et la reine, qui rentrèrent en ce moment, s’endormirent, ainsi que toutes les personnes de la cour. Les chevaux s’endormirent aussi dans les écuries, les chiens dans leurs niches, les pigeons sur les toits, les mouches le long des murs ; le feu lui-même, qui flambait dans le foyer, arrêta tout à coup sa flamme, et les viandes cessèrent de rôtir ; le cuisinier, qui allait saisir aux cheveux le marmiton coupable d’avoir gâté une sauce, s’apaisa soudain et s’assoupit ; le vent retint son haleine et à la cime