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Hommes, dieux, animaux, tout y fait quelque rôle,
Jupiter comme un autre…


Il est bien probable que, dans la version populaire, le héros n’était pas un bûcheron et que le rôle de Jupiter était joué par une fée. Ce n’est point un bûcheron et c’est une fée que Mme Leprince de Beaumont met en scène dans les Trois Souhaits, qu’elle avait sans doute trouvés en Lorraine, pays conteur, ou elle habita quelque temps.

Quoique le personnage du Magasin des enfants à qui elle fait narrer l’historiette, affirme l’avoir lue quelque part, on peut croire qu’elle ignorait l’existence des Souhaits ridicules. À l’époque où elle écrivait son livre en Angleterre (1757), les éditions de Perrault ne contenaient plus les contes en vers. Perdus depuis 1742, ils furent seulement retrouvés et, pour ainsi dire, exhumés en 1776 par le marquis de Paulmy, qui en donna un commentaire dans sa Bibliothèque des romans.

Si Peau d’Âne m’étoit conté
J’y prendrois un plaisir extrême,


s’écrie La Fontaine en 1678, et, seize ans après, Perrault se décide enfin à aborder le conte des fées proprement dit et à nous conter Peau d’Âne. Il y songeait sans doute depuis quelques années, car, dans le second volume de son Parallèle, on lit