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qu’elle ait les pieds complètement grillés et qu’elle tombe roide morte [1].

Tout ce fantastique se débrouille et s’éclaircit sous l’influence de la raison française et de la grâce italienne. En 1286, si l’on en croit l’Histoire littéraire de la France (t. XXIV, p. 431-432), un abbé de la Grande-Bretagne découvrit, dans le vieux mur d’une tourelle en ruines, une cassette contenant un livre grec et une couronne. La couronne fut portée au roi Edouard, le livre au comte Guillaume de Hainaut, qui le fit traduire en latin. De cette traduction latine une main inconnue a tiré notre Roman de Perceforest, où sont fondus une foule de contes, entre autres celui de la Rose qui, venant du lotus rouge du Vrihat-Kathra, a fourni la coupe dénonciatrice de l’Arioste et de La Fontaine, et celui de la Belle Zellandine, qui n’est autre que la Belle au bois dormant.

Dans le troisième volume des Anciennes croniques d’Angleterre, faits et gestes du roy Perceforest et des chevaliers du franc palais (chap. XLVI et suiv.), il est raconté comment Zéphyr, sous la forme d’un oisel, offre à Troylus de le transporter en la tour où la belle Zellandine dort d’un sommeil enchanté,

  1. Bidasari, le curieux poème malais que M. Louis de Backer a traduit d’après la version néerlandaise de Van Hœuvell (E. Pion, 1875), nous paraît être un long développement de la vieille tradition de Blanche-Neige.