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Le prince s’approcha de l’ourse et l’embrassa à pincettes. Il ne se rassasiait pas de l’embrasser, et, tandis qu’ils étaient museau à museau, le petit bâton tomba, je ne sais comment, de la bouche de Prétiosa et il resta dans les bras du prince le plus bel objet du monde.

Il l’étreignit avec les tenailles amoureuses de ses bras et dit :

— Mon gentil prisonnier, ne me fuis plus sans raison.

À sa beauté naturelle Prétiosa ajouta le coloris de la pudeur et répondit :

— Me voici en tes mains ; je te recommande mon honneur ; coupe, rogne et tourne-moi comme tu veux.

La reine demanda qui était cette belle jeune fille et quel accident l’avait réduite à cette vie sauvage. Celle-ci lui conta de point en point toute l’histoire de ses malheurs. La reine en loua et en honora davantage la demoiselle et dit à son fils qu’elle serait heureuse de la lui voir épouser.

Le prince, qui ne désirait rien d’autre en ce monde, lui donna aussitôt sa foi. La reine bénit le jeune couple, fit ce beau mariage avec grandes fêtes et illuminations, et Prétiosa justifia le proverbe qui dit que

Qui fait bien bien attende.