Page:Deulin - Les Contes de ma mère l'Oye avant Perrault.djvu/102

Cette page n’a pas encore été corrigée

l’Oye. Citons encore ces expressions d’Oudin, Curiosités françaises (1649) : « Contes de Peau d’asnon, Contes aux vieux loup[1] ou Contes de ma commère l’Oye. ».

Depuis lors Peau d’Ane a perdu de son éclat. Est-ce à cause des rimes dont Perrault l’a affublée ? En revanche, Barbe bleue et le Petit Poucet semblent s’être partagé son héritage et, aujourd’hui, au lieu de : « Faites-nous des contes de Peau-d’Ane, » on dirait certainement : « Faites-nous des contes de Barbe bleue ou du Petit Poucet. » Ce résultat est dû évidemment à la prose de Perrault, et c’est le plus haut degré de gloire où puisse atteindre un écrivain.

Peau d’Ane ne paraît point avoir joui de cette suprématie chez les autres peuples. Ce qui lui a valu en France cet immense succès, ce n’est pas la situation de l’héroïne, qu’on retrouve non moins touchante dans une foule d’autres contes, ce sont ses trois robes qui font un si brillant contraste avec son horrible déguisement. L’attention s’est accrochée à ce détail pittoresque, l’imagination s’en est amusée et la mémoire l’a retenu. Quant à l’âne qui enrichit de louis d’or « sa blonde litière, » il est bien mieux à sa place dans la Table, l’Ane et le Bâton merveilleux, des frères Grimm (traduction

  1. 1. Sans doute le loup du Petit Chaperon rouge.