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d’Irlande et, guidé par cet indice, découvre la retraite de sa fille. Comme elle ne veut pas lui céder, il commande qu’on égorge Gerbern, qu’on coupe la tête à Dipne et va se pendre.

Cette légende n’est évidemment que le conte de Peau d’Ane dépouillé de son merveilleux et arrangé par un hagiographe à court d’invention. La Barbe bleue nous fournira un autre exemple de ces emprunts aux vieilles traditions, débris des religions mortes, qui font penser à ces dieux païens qu’à Rome, dans les premiers temps du christianisme, on transforma en apôtres et en martyrs.

Il est évident que Perrault ne doit rien à cette légende, pas plus qu’à l’Histoire de la Belle Héleine. L’anonyme du recueil de Moëtjens nous attestera, du reste, tout à l’heure qu’il s’est contenté de suivre pas à pas le récit des nourrices.

Le conte de Peau d’Ane est, dit-on, « un des chefs-d’œuvre du genre, un des mieux inventés, un des plus variés pour les événements. » Ainsi s’exprime M. Walckenaer. Je ne partage pas entièrement cette opinion, mais il est certain que Peau d’Ane est un des contes qui ont fait la plus grande fortune. Au xviie siècle, il était à ce point répandu que son titre servait à désigner le genre. Nous avons vu dans l’Introduction, par la phrase de La Porte et celle de Perrault, qu’on disait indifféremment des contes de Peau d’Ane ou de la Mère