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Contes d’un buveur de bière

le Rôtelot, ce qui chez nous se dit pour le roitelet, le petit roi.

L’avait-on ainsi baptisé à cause qu’il était de courte taille, chose rare chez les Flandrins, ou bien parce qu’il devait un jour être roi, ou encore de ce qu’il semblait, comme les roitelets, d’humeur peu défiante & facile à apprivoiser ? Je l’ignore, & lui-même n’aurait point été fâché de le savoir au juſte.

En attendant, le four de sa maison était chu, ce qui signifie qu’il n’avait plus au pays ni père, ni mère, ni frères, ni sœurs pour le recevoir. Bien qu’il ne fût pas près d’arriver, il y retournait tranquillement & sans trop se presser.

Il marchait fièrement : une, deux, une, deux ! sac au dos & sabre au flanc, une, deux ! lorsqu’un soir, en passant par un bois inconnu, il lui prit envie de fumer une pipe. Il chercha son briquet pour faire du feu, mais, à son grand ennui, il s’aperçut qu’il l’avait perdu.

Il s’avança encore une portée d’arbalète, après quoi il diſtingua une lumière à travers les arbres ; il se dirigea de ce côté, & se trouva bientôt devant un vieux château dont la porte était ouverte.

Il entra dans la cour & vit par une fenêtre un large brasier qui brillait au fond d’une salle basse. Il bourra sa pipe & heurta doucement en disant :