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Contes d’un buveur de bière

« Ce bâton n’eſt mie assez solide, » dit-il.

On lui en apporta un en bois de chêne. Il le brisa comme l’autre.

« Attendez, fit le forgeron, je vas lui en donner un qu’il ne cassera point. »

Il forgea une barre de fer grosse comme le petit doigt. Gilles la prit & la brisa. Il en forgea une grosse comme le pouce. Ratch ! elle eut le même sort. Enfin, il en fit une qui était grosse comme le poignet d’un enfant de trois ans.

« Je m’en contenterai, dit Culotte-Verte, bien qu’il l’eût fait ployer sur son genou. Si les revenants ne sont point sages, voilà qui va les mettre à la raison. Maintenant, ce n’eſt mie tout. Quand on dérange les gens, c’eſt bien le moins qu’on les régale.

« Donnez-moi du bois, du charbon, de la chandelle, un pot de bière & des verres, de la levure, de la farine, du sel, du lait, de la cassonade, du beurre & des œufs, une payelle, une marmite, une louche, des assiettes, une table & deux chaises. Nous sommes en carnaval, je vas leur faire des ratons. »

Chez nous, les ratons sont une espèce de crêpes meilleures que les aliettes.

On apporta à Gilles tout ce qu’il demandait.

« N’oubliez point, ajouta-t-il, un jeu de cartes & une carotte de tabac. Je ne connais rien de bon,