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Les Trente-Six Rencontres de Jean du Gogué

Jean n’était point si malicieux : il n’en fut pas moins ravi de sa trouvaille.

« Voilà l’ôson que je cherchais ! s’écria-t-il, c’eſt le bon Dieu qui me l’envoie ! Je vais le faire accommoder tout de suite, » & il s’en fut à l’auberge du Paradis, la plus belle du village.

Il avait complètement oublié la censière du Vivier qui, à l’heure qu’il eſt, attend encore ses sept vassiaux & une pinte de blé de semence.

Le Paradis était plein de pèlerins qui devaient se rendre le lendemain à la procession des Réjouis.

L’hôte ne savait où donner de la tête &, quand le Ninoche lui présenta son ôson, c’eſt à peine s’il y prit garde. Il le renvoya bien loin, en disant que, puisqu’il était d’or, on ne pouvait le mettre à la broche.

« Puisqu’on ne peut l’accommoder, dit Jean du Gogué, j’en ferai cadeau à saint Calixte. Ce sera bien le diable si, en revanche, il ne m’en donne pas un qui soit bon à mettre à la broche ! »

Et, après avoir soupé, il alla avec son ôson coucher à l’étable.