tu en es à plus de trois lieues ! » s’écria le fermier, qui connaissait le pays, ayant été plus d’une fois servir saint Calixte, à la procession des Réjouis.
Pour le consoler, il lui fit cadeau d’une gerbe de blé.
Il le remit ensuite dans le bon chemin ; mais Jean ne tarda point à s’égarer de nouveau.
Au coup de midi, il s’arrêta le long d’un clos. Il s’assit par terre, le dos à la charmille, déposa sa gerbe à ses pieds, & tira son briquet de pain, qu’il coupa par le mitan.
Après avoir dîné d’un des morceaux, comme il était las & recru, il s’endormit. Un coq survint qui, de son côté, dîna, avec ses poules, des grains de la gerbe.
Le Ninoche, à son réveil, ne trouva plus que la paille & se mit à pleurer. Le maître du clos, qui avait bon cœur, fut ému de pitié, & pour le dédommager, il lui donna le coq.
Ce n’était qu’un coquard, mais à cheval donné on ne regarde mie à la bouche.
« Grand merci ! » dit Jean. Il prend le coq, lui lie les pattes & l’emporte.
Sur les quatre heures, son eſtomac l’avertit qu’il eſt temps de reciner, autrement dit de goûter. Il pose son coq à terre & s’inſtalle, jambe de ça, jambe de là, sur la barrière d’une pâture. Hé-