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Contes d’un buveur de bière


ii


Le lendemain, qui était un samedi, la censière alla réveiller le Ninoche à l’écurie.

« Allons, houp, debout ! lui cria-t-elle en le secouant. Entends-tu le coquerico de Chanteclair ? C’eſt signe qu’il va faire beau pour sécher les chemises de l’enfant Jésus, que la sainte Vierge a lavées hier soir.

Elle lui réchauffa le cœur d’une tasse de chicorée, & lui coupa un énorme briquet de pain pour déjeuner en route, après quoi elle lui dit :

« Voici ton chemin. Il te conduira tout droit à Odomez ; de là tu iras à Notre-Dame-au-Bois, puis à Bruille, où tu passeras l’Escaut au bac. Arrivé à Hergnies, tu demanderas le moulin de Berlutiau, & tu me rapporteras, avec l’oie grasse, sept vassiaux & une pinte de blé de semence. »

On entend là-bas par vassiau une mesure qui contient vingt-cinq litres.

Maître Chanteclair achevait de sonner la diane sur le velours du toit, & la Belle, — c’eſt la lune que je veux dire, le guettait encore de son œil jaune, lorsque Jean quitta la ferme.