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La Chandelle des Rois

le poignet, &, de son gant de fer, le lui serra avec violence.

La présence de sa fille fortifiait l’âme de Françoise. Debout sur le bûcher, le visage rayonnant, elle la regardait avec une tendresse ineffable.

Tout à coup elle vit qu’on lui mettait une pierre dans la main. La pauvre mère sentit son cœur se briser.

« Oh ! non ! Pas cela ! Seigneur ! » s’écria-t-elle avec un geſte de douleur suprême.

Gillette aperçut ce mouvement, &, bien que le prince lui broyât la main de son gantelet, elle laissa tomber la pierre.

Une heure après, le corps de Françoise avait disparu sous un énorme monceau de pierres, & la foule s’écoulait silencieuse.

Rentré au palais, le roi fit apporter les vêtements de paysanne sous lesquels Gillette était venue à la cour, & lui dit :

« Remettez ces habits, & retournez dans votre village, je vous répudie. »

Gillette partit le soir même. Elle avait tant souffert sur le trône qu’elle en descendait sans regrets.

Avant de prendre la route de Lécluse, elle voulut faire une pieuse visite au monceau de pierres. Arrivée là, elle désira revoir son amie, & elle enleva les pierres une à une.