Puis s’adressant à la vieille :
« Conduisez-moi chez la reine, je vous en prie.
— Et que me donnerez-vous pour la peine ?
— Hélas ! il ne me reſte rien à donner ; mais, si vous le désirez, j’irai pour vous, pieds nus, en pèlerinage à Notre-Dame de Bon-Secours.
— Non. Donnez-moi plutôt votre longue chevelure noire. Je vous céderai à la place la mienne, qui eſt blanche.
— N’eſt-ce que cela ? Prenez, prenez ! » dit la mère.
Elle changea ses beaux cheveux contre ceux de la vieille, & celle-ci la conduisit à la porte du palais.
Les deux femmes étaient à peine arrivées, qu’elles entendirent le roulement d’un carrosse.
« Voici la reine ! dit Françoise à sa compagne.
— Comment le savez-vous, si vous n’y voyez point ?
— Je le sens là ! » répondit-elle en mettant la main sur son cœur. Puis elle murmura : « Vierge Marie, mère de Dieu, fais que je la voie ! »
Et sa prière était si ardente, que ses prunelles éteintes brillèrent tout à coup d’un éclat extraordinaire.
Elle avait recouvré la vue.
Elle faillit s’élancer vers la reine en criant :
« Ma fille ! » Mais elle se contint.