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La Chandelle des Rois

« Suis-moi ; &, quand tu ne me verras plus, va toujours tout droit. »

Et Françoise marcha nuit & jour.

Elle entra bientôt dans une contrée âpre & désolée où régnait l’hiver. Elle traversa une sombre forêt de sapins & arriva à un carrefour. La pauvre femme ne savait quelle route prendre.

« Oh ! qui m’indiquera la route des Pays-Bas ? dit-elle tout haut avec angoisse.

— Réchauffe-moi sur ton cœur, & je te l’indiquerai, » répondit près d’elle un buisson épineux dont les branches étaient couvertes d’une couche de neige glacée.

Et la mère serra le buisson sur son cœur pour le réchauffer. Les épines perçaient sa chair, & son sang coulait à grosses gouttes.

Alors, ô merveille ! le buisson reverdit, &, à travers les feuilles, apparurent de jolies fleurs blanches. Tant eſt forte la chaleur qui vient du cœur d’une mère !

Et le buisson, pour sa peine, lui indiqua le chemin des Pays-Bas.

Elle parvint au bord de la mer ; & comme il n’y avait ni vaisseaux ni barques, & qu’il fallait qu’elle rejoignît son enfant, elle se coucha sur le rivage, pour épuiser la mer en la buvant.

« Tu n’en viendras jamais à bout, lui dit l’Océan ; mais j’adore les perles, & je n’en connais