trer la reine & dit à la fermière d’attendre quelques inſtants.
Aussitôt celle-ci ouït un grand bruit de cloches, puis le son des harpes & le chant des séraphins. Elle regarda par le guichet entrouvert & vit un superbe cortège venir au-devant de la reine.
La cérémonie faite, saint Pierre ouvrit à Françoise. Elle se figurait que la musique allait recommencer : il n’en fut rien.
Deux anges seulement se présentèrent & l’accueillirent cordialement, mais sans chanter. Françoise fut si étonnée que, malgré sa modeſtie, elle ne put s’empêcher de dire à saint Pierre :
« Saint Pierre, pourquoi donc la musique ne va-t-elle point pour moi aussi bien que pour la reine ? J’avais toujours ouï dire qu’au paradis on était tous égaux.
— On l’eſt aussi, répliqua saint Pierre, & vous ne serez pas moins bien traitée que la reine ; mais, voyez-vous, mon enfant, des gens comme vous, il en entre ici tous les jours, tandis que des grands de la terre il n’en vient mie un tous les cent ans. »
Voilà pourquoi la pauvre mère était si triſte. Dans sa désolation, elle alla trouver Dieu le Père & lui dit :
« Dieu le Père, alors que ma fille n’était qu’une simple paysanne, la malheureuse enfant n’a que