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Martin & Martine


vi


Le soir, après le souper. Martine, comme d’habitude, reſta la dernière pour couvrir le feu. Elle prit son rouet, le plaça dans le cendrier, &, le touchant de sa baguette :

« Rouet, rouet, dit-elle, mon joli rouet, quand on m’appellera, n’oublie point de répondre pour moi. »

Elle posa en outre sa quenouille sur la première marche de l’escalier, monta à sa chambre, mit son fuseau sur son lit & leur fit la même recommandation ; après quoi elle fut à la chambre du jeune prince. Elle toucha la porte de sa baguette, & la porte s’ouvrit sur-le-champ.

« Je viens vous sauver, dit-elle à Martin, mais il eſt nécessaire que nous nous évadions ensemble. Vous ne sauriez sans moi échapper à mon père. »

Elle le prit par la main, & tous deux s’enfuirent de la maison.

Un peu après l’heure du couvre-feu, l’ogre s’éveilla, &, voulant s’assurer que sa fille était dans son lit, il cria :