Martine remercia chaudement sa marraine, s’endormit rassurée &, à son réveil, alla tout confier à sa mère.
iv
Le lendemain, l’ogre conduisit Martin devant un épais fourré, à cent pas de la maison, &, l’armant d’une cognée :
« À l’œuvre, mon gars, lui dit-il ; je te donne trois heures pour me faire place nette. »
Et il le quitta en riant dans sa barbe.
Il alluma sa pipe, descendit à la cave, y chargea son épaule d’un baril de bière, se rendit ensuite à la salle à manger, choisit dans le dressoir une pinte de la contenance d’un pot, puis monta à son belvédère pour voir comment allait s’en tirer le pauvre Martin.
Martin n’essaya même point de donner le premier coup de cognée. Il songeait à s’enfuir, quand Martine vint le rejoindre, en se glissant d’arbre en arbre.
« Tenez-vous derrière moi, dit-elle, & cachez-moi bien, que mon père ne me voie. »
Et, sur-le-champ, elle toucha les arbres de sa baguette, & les aulnes, les charmes, les trembles,