« J’ai voulu voir, dit-il, jusqu’où irait la confiance d’un bon Flamand. Et maintenant, pour la peine, je vais te guérir. Tiens, regarde ! »
Tout à coup les arbres s’écartèrent à droite & à gauche, de façon à laisser un large carré vide, & Cambrinus vit s’y aligner de longues files de grandes perches en bois de châtaignier, où s’enroulaient de frêles plantes qui portaient des clochettes vertes & odoriférantes.
Une partie des échalas étaient couchés à terre & trois à quatre cents femmes accroupies semblaient éplucher une immense salade. Cette étrange forêt était bornée par un vaſte bâtiment en briques.
« Qu’eſt ceci, myn God ? s’écria le Fresnois.
— Ceci, mon brave homme, eſt une houblonnière, & la maison que tu vois là-bas une brasserie. La fleur de cette plante va te guérir du mal d’amour. Suis-moi. »
Belzébuth le conduisit dans le bâtiment. Il y avait des cuves énormes, des fourneaux, des tonnes & des chaudières pleines d’une liqueur blonde & d’où s’exhalait un acre parfum. Des hommes en tabliers bleus y accomplissaient une besogne étrange.
« C’eſt avec l’orge & le houblon, lui dit Belzébuth, qu’à l’exemple de ces hommes tu fabriqueras le vin flamand, autrement dit la bière. Quand la