bien portant, la Guerliche, qui ramassa preſtement chapeau, panetière, houlette & manteau, s’en affubla, rassembla les moutons & revint au village en criant : « Prrrou ! prrrou ! » du haut de sa tête.
III
« C’eſt affaire à toi, dit le mayeur. Il eſt vrai que Toine Balou eſt bête comme une oie, poltron comme la lune, & que ce n’eſt mie sa faute si les bergers passent généralement pour sorciers. Je vas te donner d’autres étoupes à débrouiller. »
Le mayeur vidait une canette avec Boisvert, un boucher de Douai venu tout exprès pour lui acheter un mouton. Boisvert était bancroche & malin comme un bossu. Le marché conclu, le mayeur prit la Guerliche à part & lui dit :
« Voici un lapin qui ne se laissera point aussi aisément dépouiller que ce grand veau de Toine Balou.
— Savoir !
— Cent florins que tu ne lui souffles point son mouton.
— Tope ! » répliqua la Guerliche, & il se mit à l’œuvre sur-le-champ.