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Manneken-Pis


XII


Le sautériau invita son père & ses frères à la noce. Pour qu’ils y fissent meilleure figure, il avait eu soin de leur mettre, comme on dit, du foin dans leurs sabots.

La noce fut magnifique. Le monarque mangea au dessert une pleine quertinée, ou, si vous le préférez, une pleine hottée de pêches & mourut d’indigeſtion.

Le petit berger changea tout de suite sa houlette contre le sceptre du roi défunt. Bien qu’il n’eût guère qu’une semaine d’apprentissage, il n’en gouverna pas moins avec une rare sagesse.

On fit honneur de son habileté au merveilleux sifflet, mais je crois bien que son secret consiſtait tout bonnement, comme dans le bois de Boschfort, à fumer sa pipe à la coyette… je veux dire ses sujets se divertir tout à leur aise.

Et c’eſt pourquoi les Belges, dans leur reconnaissance, lui élevèrent, au coin même de la rue du Chêne, — où, quittant la noce qui se rendait à Saint-Nicolas, il s’était arrêté un inſtant, — une