tonnes de faro de Bruxelles. Le dindon, amplement bourré de marrons, fut déclaré exquis, & Petit-Pierre lui fit bonne mine.
Celle que la princesse faisait à Petit-Pierre n’avait rien de désagréable, & le monarque, de son côté, ne le voyait plus de trop mauvais œil.
« Il faut, décidément, que le drôle soit sorcier, se disait-il. S’il l’eſt, il n’y a point de sabots qui tiennent, je lui donne ma fille ! Ce sera la première fois qu’on aura vu un sorcier sur le trône. Au reſte, nous allons le savoir. »
Il parla tout bas à son écuyer, qui sortit.
Au dessert, on apporta deux plats couverts. Dans l’un était la bague de la princesse, que Petit-Pierre lui présenta le genou en terre. On allait découvrir l’autre, quand le roi s’écria :
« Arrêtez ! »
Puis, s’adressant au sautériau :
« Si tu es sorcier, devine ce qu’il y a là-dessous. »
— Cette fois, je suis pris, pensa Petit-Pierre, &, regardant le plat d’un œil de pitié, il ajouta tout haut :
— Pauvre sautériau, où eſt-ce que je te vois ?
— Brigand de manneken ! Il ne l’a point manqué ! » s’écria le monarque en lui appliquant sur l’épaule une tape assez forte pour assommer un bœuf.