le gros dindon. Jamais il n’en avait vu de pareil.
« Hé ! Baptiſte, lui cria-t-il, la belle gave que tu as ! Il faut que demain je dîne avec toi, qu’en dis-tu ?
— Glou ! glou ! glou ! » répondit naïvement maître Baptiſte.
— Ça te va. Eh bien ! Je vais demander qu’on te torde le cou tout de suite. »
Les voleurs, interprétant à leur manière les paroles du sautériau, ne doutèrent plus qu’il ne fût sorcier.
Ils tombèrent à ses pieds & lui dirent en tremblant de tous leurs membres :
« Nous voyons bien que vous savez tout, mynheer manneken, mais pour l’amour de Dieu ! ne nous perdez pas. »
Pierre bondit comme un vrai sautériau.
« Qu’eſt-ce que je sais ? demanda-t-il.
— Parbleu ! vous savez que c’eſt nous qui avons fait gober à Baptiſte l’anneau de la princesse. »
Cette révélation inattendue étourdit Petit-Pierre, mais il reprit sur-le-champ sa présence d’esprit.
« Ah ! coquins ! dit-il d’un air sévère & majeſtueux, vous avez cru me tromper ! Sachez qu’on ne peut rien me cacher, à moi… mais je suis bon prince &, puisque vous avouez tout, je veux bien