VI
« Si on m’y laissait aller, proposa timidement la princesse, il me semble que je ne reviendrais point les mains vides.
— Va, ma fille, dit le monarque, sauve l’honneur de la couronne, & prouve au monde que tu n’es pas faite pour devenir sabotière, godverdom ! »
Quelques heures plus tard, Petit-Pierre vit venir de son côté une jeune & fraîche laitière en sabots, cotillon rouge, casaquin noir & tablier blanc. Elle portait sur la tête une cruche ou, pour mieux dire, une cane de cuivre jaune qui brillait au soleil comme de l’or.
« Voici du nouveau, » pensa-t-il.
Et il siffla ses lapins.
La princesse passa, en criant d’une voix claire & traînante :
« Il ne faut point de lait ?
— Hé ! la belle laitière, vendez-m’en pour un sou, fit Petit-Pierre, qui, prenant goût au jeu, ne voyait aucun inconvénient à engager la partie.
— Volontiers, gentil bergeolin. »