Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/160

Cette page a été validée par deux contributeurs.

154
Contes d’un buveur de bière

commença d’en peler une, en passant sa langue sur ses lèvres. La chair lui en parut si parfumée qu’il les expédia toutes sur-le-champ. Il s’aperçut seulement, au dernier quartier de la dernière pêche, qu’il oubliait d’en offrir à la reine & à la princesse.

Quand son assiette fut pleine de noyaux, il s’avisa de la présence de Petit-Pierre. Il le toisa de la tête aux pieds &, fronçant le sourcil :

« Qu’eſt-ce que tu fais là, manneken ? »

Vous saurez qu’en flamand manneken, qu’on prononce menneke, veut dire petit homme.

« J’attends, sire, répondit le sautériau.

— Quoi ?

— La récompense que Votre Majeſté a promise.

— Ah !… comment t’appelles-tu ?

— Petit-Pierre.

— Et que fais-tu de ton métier ?

— Des sabots, sire.

— Mais je me veux mie devenir sabotière ! s’écria la princesse.

— Oh ! je changerai d’état, mademoiselle, si le mien vous déplaît.

— Et tu apprendras celui de roi ? demanda le monarque.

— Oui, sire, pourvu que Votre Majeſté veuille bien me l’enseigner.