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Contes d’un buveur de bière

plupart du temps d’absorber les produits de son invention.

Même, il venait de reprendre, chez un cabaretier d’Onnaing, une tonne de bière de saison. Il avait eu beau prêcher, prêcheras-tu ? on l’avait prié de la boire lui-même.

Il était d’humeur massacrante. D’ailleurs, il avait déjà avalé une vingtaine de pintes, & les houblons commençaient à dépasser les perches, je veux dire qu’il était dans les brindes, selon son habitude.


vi


À sa vue, le blanc misseron essaya d’éveiller son compagnon. Hélas ! c’eſt en vain qu’il lui cria aux oreilles : « Vite, décampons, voici ton maître ! » Le chien, que la promenade avait fatigué, ne s’éveilla que pour retomber dans un sommeil de plomb. Le pierrot prit alors le parti d’aller au-devant du brasseur.

« Serait-ce un effet de votre bonté, notre maître, lui demanda-t-il poliment, de ne point écraser mon vieil ami qui dort là, sur la route ?

— Que ne l’éveilles-tu pour qu’il se gare ? répondit Tafarot d’une voix brutale.