Page:Deulin - Contes d’un buveur de bière, 1868.djvu/109

Cette page a été validée par deux contributeurs.

103
Le Petit Soldat

point de relever sa bonne mine, avait à la main le bouquet d’immortelles & au bras gauche l’écharpe de la princesse. Il fit deux fois le tour de la ville & passa deux fois devant les fenêtres du palais.

Au troisième tour, il tira sa bourse & jeta des poignées de florins à droite & à gauche, comme les parrains & marraines jettent chez nous des doubles & des patards, en revenant du baptême. Tous les petits polissons & les porte-sacs de la ville suivirent la voiture en criant : Hai ! hai ! du haut de leur tête.

Ils étaient au nombre de plus de mille, quand le carrosse arriva, pour la troisième fois, sur la place du palais. Le Rôtelot vit Ludovine, qui cousait près de la fenêtre, lever le coin du rideau & le regarder à la dérobée.


v


Le jour suivant, il ne fut bruit dans la ville que du seigneur étranger qui tirait les florins à poignées d’un boursicaut inépuisable. On en parla même à la cour, & la reine, qui était fort curieuse, eut un violent désir de voir ce merveilleux boursicaut.