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Contes d’un buveur de bière


iii


Pourtant il ne se rebuta point, &, après avoir repris haleine, il se mit à marcher le long de la côte pour voir s’il ne découvrirait pas une embarcation quelconque, afin de suivre la princesse. Il ne trouva ni barque, ni barquette, & finit par s’asseoir, rompu de fatigue, sur le seuil d’une maisonnette de pêcheur.

Il n’y avait dans la maison qu’une jeune fille, qui raccommodait un filet. Elle se leva aussitôt, invita Jean à entrer chez elle & lui présenta son escabeau. Elle servit ensuite, sur une table de blanc bois, une cruche de vin, quelques poissons frits & un chanteau de pain bis. Jean but & mangea, &, tout en se réconfortant, il raconta son aventure à la jolie pêcheuse.

Elle était jolie, en effet, & malgré le grand hâle de la mer, elle avait la peau aussi blanche que les ailes des mouettes sous un ciel noir d’orage. Aussi ne l’appelait-on que la Mouette.

Mais Jean ne remarqua ni la blancheur de son teint, ni la douceur infinie de ses yeux, qui ressemblaient à des violettes dans du lait : il ne songeait qu’aux yeux verts de sa princesse.