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LA LUMIÈRE NATALE



LE SOMMEIL DU PAYSAGE



Par les routes d’azur subtil, le crépuscule
S’en vient comme un troupeau perdu dans les sentines
Et les divins échos des cloches florentines
Apaisent les coteaux où la grive trucule.

Le Paysage dort, couché dans l’herbe grasse,
Puissant comme un héros sous l’égide du ciel
D’avoir lancé debout, dans le jour solennel,
Les disques du soleil sur les hautes terrasses.

Il dort et les vallées travestissent les lignes
Qui dessinaient les reins charnus et curvilignes
De son corps de Titan affronteur de nuages ;

Tandis qu’à l’occident où mourut le soleil,
Le ciel, tragiquement penché vers son sommeil,
Glisse au chevet des monts le glaive de l’orage.