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PREFACE DES EDITEURS ferme, plus conscient que celui qu’il avait connu jusque-là, sans toutefois perdre le goût de la nuance et de l'imprécision qui lui venait d’ailleurs. Deubel, sévère pour lui-môme, jugeait La Lumière Natale un ouvrage imparfait. Il est vrai qu’il y a plus de profondeur et plus d’éclat dans ceux de ses livres qui ont suivi. Mais ce qui caractérise La Lumière Natale, c’est une spontanéité d’ins- piration, une abondance de lyrisme, une aisance de rythme qu’il devait par la suite discipliner jusqu’à l’excès. Nul n’a aimé, plus que Deubel, à lancer un beau vers, plein et vibrant, et peut-être que chez aucun poète de sa génération on ne trouverait un plus grand nombre de ces vers merveilleusement frappés qui semblent entraîner avec eux toute une escorte d’images et de pensées. Mais souvent, chez lui, le poème, trop rempli, donne l’impression du tendu et du heurté. Il semble que La Lumière Natale, plus simple de ton, plus fluente que ses autres livres, marque une période de détente et de calme dans une existence douloureuse : elle reflète la grâce des belles journées d’automne que le poète avait admirées à Fiesole, la limpidité des ruisseaux de cette Franche-Comté où il avait passé une partie de sa jeunesse et où il aimait à reve- nir et le charme de ces entretiens confiants et enthousiastes qu’il prolongeait parfois fort avant dans la nuit, avec ses amis de Lille épris comme lui du littérature et de poésie.