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PRÉFACE DES ÉDITEURS lescent des blessures de vie ». Il était parfois ombrageux, mais son accueil, empreint d’une politesse simple et discrète, était charmant. Dès l'abord, je fus charmé (i).» Léon Bocquet, qui dirigeait le Beffroi et avait sollicité, dès la première heure, la collaboration de Deubel, a parlé égale- ment du séjour de celui-ci dans la métropole des Flandres françaises : « Deubel s’amena chez moi, à Lille, un dimanche de juillet, me confia ses projets de vivre près de nous d’une vie de travail, afin de prolonger la durée du pécune déjà con- sidérablement diminué. Mais les grandes villes de province ont leurs tentations comme la capitale ; les bonnes résolutions de Deubel se résolvaient souvent en gestes contradictoires. Il dormit le jour, s’amusa la nuit : une fois, en joyeuse compa- gnie, il dépensa follement son dernier avoir. Comme il sup- portait mal les observations sur sa conduite, il regagna préci- pitamment Paris » (2). Le 9 octobre 1904, Deubel, annonçant que son livre est sous presse, écrit à Léon Bocquet : « Huit jours et je vois déjà Lille dans une brume. Comme la province est loin du boulevard ! » Ayant dissipé les restes de son héritage, il va, comme quel- ques années plus tôt, connaître à Paris des jours de misère. Mais La Lumière Natale est terminée et déjà livrée à l’impri- (i) Roger Allard, Léon Deubel ou le poète solitaire, la Phalange (numéro du 20 juillet 1913}. (2) Lpon Bocquet, Le dernier poète maudit, le Beffroi (fascicule 103, juin-juillet août 1913).