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LA LUMIÈRE NATALE écrivait de Paris à Léon Bocquet : « Je compte habiter Lille quelque temps auprès de mon ami Dehorne. Ici je me meurs du chagrin d’être seul ». Ce qui l’attirait à Lille, où il était déjà passé à diverses reprises, c’était, outre la présence d’Armand Dehorne, alors étudiant à la Faculté des Sciences, la sympathie qu’il éprouvait pour le jeune groupe littéraire du Beffroi. Il collaborait à cette revue depuis 1901 et y publiait les vers qui devaient être réunis bientôt dans La Lumière Natale. Il y avait fait paraître notamment ce beau poème qui a pour titre « La Fin d’un jour ». Rosier Allard a raconté qu’après l’avoir lu il ressentit un enthousiaste désir de connaître l’au- teur avec lequel il entra en correspondance : « Moins d’un mois après, dit-il, Deubel m’annonçait son arrivée à Lille et, pour faciliter notre rencontre, m’envoyait une photographie. » Et il trace de lui ce portrait qui donne des indications très justes sur l’extérieur et le caractère du poète : « De taille moyenne, bien découplé, large de poitrine, il portait sur soi les signes de la vigueur physique, exprimée avec quelque violence par la carrure volontaire des maxillaires et la coupe de la barbe et des moustaches, drues et taillées courtes. Le contraste était dans les yeux, d’un bleu pâle comme la faïence de Sarreguemines, d’une douceur grave et cordiale. Le son de sa voix, qu’il avait belle et bien timbrée, ne contribuait pas moins à corriger ce que son abord avait d’un peu rude. A l’époque, il pouvait se croire guéri, ou pour le moins « conva-