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L’AMOUR NE MEURT PAS

Ma lettre écrite, je sortis de cette maison, toute imprégnée du bonheur que j’aurais rêvé pour ma Rose, et je rendis visite, en compagnie du mari de madame Amanda, à plusieurs médecins de la ville. Je fus reçu avec affabilité par certains médecins âgés et indépendants, qui ne craignaient plus la concurrence. D’autres médecins me souhaitèrent la bienvenue et ils semblèrent m’encourager ; mais il était facile de constater, sans être grand physionomiste, que leurs bons souhaits ne venaient pas du cœur.


Lowell était alors une belle petite ville américaine de soixante mille âmes dont vingt-cinq à trente mille Canadiens-Français. Pour me rendre plus utile aux Canadiens, je voulus m’établir au milieu de leur véritable quartier. Je me louai un modeste appartement à l’intersection des rues Merrimack et Trémont. Quand je dis modeste appartement, j’exagère quelque peu. Cet appartement était situé au premier étage, au-dessus d’un étal de boucher. Pour y arriver, il fallait gravir un vieil escalier vermoulu, sans toiture, qui se terminait par une plate-forme suspendue en arrière de la maison. Quel jeune médecin d’aujourd’hui se contenterait de l’apparence de pauvreté d’un tel logement ? J’étais pauvre et je ne pouvais viser à aucune grandeur, aucun faste. C’est avec un sentiment d’orgueil bien légitime que les médecins d’autrefois doivent rappeler ces humbles débuts dans des locaux bien exigus et pauvrement meublés. Quelle forte dose de courage ne fallait-il pas