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ma consolatrice, rôle qui lui parut bien doux. Amanda et son mari m’emmenèrent chez eux. C’est là, dans leur humble demeure, toute chaude de leurs premières amours, que j’ai été témoin du bonheur et des joies de leur lune de miel. Qu’ils étaient tendres, aimants, fous dans leur langage d’amoureux ! Qu’ils étaient heureux ! et comme j’enviais leur bonheur, leurs amours, leur folie tendre et douce, et comme je regrettais ma Rose devant tant d’épanchements, et comme j’avais des regards mélancoliques vers la patrie abandonnée où j’avais laissé plus de la moitié de mon cœur. Oh ! ma Rose, si tu avais pu alors compter les battements de mon cœur, en sentir les irrégularités et en mesurer les arrêts ou les palpitations, tu aurais connu la profondeur de mon amour et la grandeur du sacrifice que j’avais fait en m’expatriant.

Après mon arrivée je pris quelques heures de repos, puis j’écrivis à ma fiancée, ma douce Rose-Alinda, une longue lettre dans laquelle je lui faisais part de mes premières impressions de voyage et des sentiments que j’avais éprouvés à la vue de tant de bonheur dans la petite maison de Lowell, où je devais revenir si souvent puiser des consolations et des encouragements. Je lui disais aussi mes craintes pour l’avenir, car on avait déjà répandu le bruit que je n’étais qu’un simple étudiant en médecine, sans aucun diplôme. Je demandais à ma Rose de prier pour moi, afin que j’obtinsse certains succès. J’avais tant confiance aux prières de ma Rose, qui était si bonne, si dévote, si ardente dans ses prières, que je croyais impossible que Dieu n’exauçât pas ses vœux et ses prières.