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CHAPITRE VII

l’exil


« Lowell », répéta le contrôleur d’une voix forte. Je me levai en sursaut, égaré comme un homme qui sort d’un rêve affreux. « Lowell », c’était pour moi la terre d’exil et la terre promise. J’y étais arrivé. C’est en tremblant que je mis le pied sur le quai de la gare, vers les trois heures du matin, le 29 mars, 1887. Le train était en retard de sept heures, mauvais augure. La sœur de Rose, Amanda et son mari avaient eu la patience ou plutôt le courage de m’attendre à la gare pendant les sept heures. Quelle joie pour moi de tomber dans les bras de mes amis. Je retrouvais, sur cette terre nouvelle, quelque chose de ma Rose chérie, sa sœur bien-aimée que j’aimais moi-même de la plus franche amitié. Je ne serais plus seul désormais, car je connaissais si bien cette sœur qui avait été si souvent en tiers avec nous dans nos promenades, dans nos veillées intimes ou dans les soirées dansantes. Elle avait un cœur si tendre, une âme si compatissante que je ne me crus plus seul dans l’exil. De fait, elle ne fut plus seulement une amie intime pour moi, mais elle fut une mère, et elle se montra telle jusqu’à mon dernier jour à Lowell. Elle sut me conseiller et m’encourager pendant les cinq longs mois de mon séjour dans cette ville. Quelle joie pour moi de retrouver, sur la terre d’exil, la sœur, la compagne, la confidente de ma Rose. Elle devait être désormais ma confidente,