Page:Detertoc - L'amour ne meurt pas, 1930.djvu/84

Cette page a été validée par deux contributeurs.

pelions les beaux clairs de lune ; le bercement de notre barque sur les flots tranquilles de la petite rivière ; nos promenades et nos stations prolongées sur le vieux pont de la vieille Ben-Oui ; le pique-nique au Buisson. Aux souvenirs se mêlaient souvent les projets d’avenir. Parfois nous nous proposions d’aller habiter une petite maison toute blanche à la campagne où je pratiquerais la médecine sans bruit, sans éclat, faisant le bien comme tous les médecins de la campagne, recevant peu en échange de mes soins, comptant peu sur la reconnaissance des campagnards, espérant plus de la bonté et de la miséricorde de Celui qui doit un jour récompenser, comme il le mérite, le médecin dévoué qui donne toujours et travaille toujours au nom de la charité. À la campagne, nous serions plus seuls et plus souvent ensemble ; nous nous aimerions tant ainsi que nous n’aurions aucun besoin du monde pour nous distraire. Sans ennui, sans ambition, nous demanderions à notre petite ou grande famille des joies plus pures que celles que peut donner le monde avec ses grandes fêtes.

Parfois nous rêvions un avenir moins humble. L’argent nous apparaissait plus brillant, l’or plus éclatant, et leurs reflets mettaient un charme tout particulier sur les plaisirs, les fêtes, les soirées, les bals de la haute société. Le grand monde, ses pompes et ses grandeurs étaient les mots magiques qui réveillaient et stimulaient notre ambition et nous faisaient envisager l’avenir sous un autre angle. Une attention soutenue au travail, une ardeur toute particulière à l’étude me fraieraient un chemin à travers les vicissitudes de la