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CHAPITRE V

le retour à montréal


Le lendemain, je me levai assez tôt pour prendre, à huit heures, le train à destination de Montréal. J’essayai de paraître calme et même joyeux ; mais on s’aperçut vite que cette tranquillité n’était qu’apparente, que cette gaieté n’était que factice. J’entendis une des sœurs de ma Rose murmurer à l’oreille d’une autre sœur : « Oh ! comme il l’aime ». Comme je l’aimais ma Rose ! Dieu seul savait comme je l’aimais. Oui, je l’aimais plus qu’on aime la vie à cet âge. Aimer plus que je l’aimais c’était mourir. En partant, je donnai un bon baiser aux sœurs de ma Rose. Elle, je la tins un instant dans mes bras et je déposai sur sa bouche le premier baiser que j’osais lui donner. Nos larmes se confondirent et je sentis sa poitrine se gonfler sur les soupirs qui l’opprimaient et qu’elle cherchait à me cacher. Nous reprîmes, Rose, sa plus jeune sœur et moi, le sentier de la gare. Le train arrivait. Un dernier adieu et je montai sur la plate-forme d’où je vis ma Rose s’éloigner avant que le train ne laissât la gare. Elle avait retenu ses larmes jusque-là ; elle ne voulait pas que je les visse couler abondamment. Oh ! Rose, ma Rose, cœur d’ange, tu m’aimais toi aussi ; si je ne l’eusse pas compris avant, je le vis à cet instant.

Dans le train, je m’assis au coin de la dernière