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la sœur et le beau-frère de ma Rose. J’ai conservé, des séjours que je fis à différentes époques dans cette maison hospitalière, les plus beaux et les meilleurs souvenirs de mon jeune âge. J’étais comme l’enfant de la famille qui reviendrait sous le toit paternel après de longues absences. J’y avais ma chambre sur le devant, en face de l’église. Cette petite chambre, coquettement enjolivée par les mains de ma Rose et de ses sœurs qui paraissaient m’estimer et que j’estimais beaucoup, était contiguë à celle de ma bien-aimée. Le soir, dans mon lit qui exhalait toujours le parfum de la rose, je retardais le sommeil pour penser longtemps au bonheur du jour envolé et à celui du jour qui reviendrait bientôt. Dans le silence de la nuit, j’écoutais la respiration de mon Alinda dont une simple cloison me séparait. Mes rêves étaient doux et calmes comme le calme que respirait cette chère petite maison.

Le matin, de bonne heure, dans la chambre voisine, j’entendais un bruit léger ; des pas touchant à peine le plancher ; c’était Rose-Alinda qui se levait à la voix de l’angélus que chantait le clocher d’en face. Je disais bonjour à ma Rose d’une voix faible pour ne pas éveiller sa sœur qui partageait la même chambre. Elle me répondait d’une voix encore plus faible et plus tendre : « bonjour chéri » ; et je l’entendais descendre tout doucement le vieil escalier qui craquait sous ses pas malgré ses précautions infinies. La minute d’après, je la voyais s’acheminer vers l’église où elle allait assister au Saint-Sacrifice de la messe. Quand j’avais vu la porte du temple se refermer sur elle, je me remettais au lit, mais je me