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CHAPITRE IV

ma promenade à ste-martine


Le 7 août quand j’allai à Ste-Martine, j’étais si content, si heureux, que je me tins, tout le long du trajet, sur la plate-forme du wagon, pour mieux apprécier la vitesse du train qui me rapprochait de plus en plus du but de mes désirs. J’étais littéralement fou de bonheur. Le vent me fouettait la figure, la fumée de la locomotive m’aveuglait et me barbouillait, les tourbillons de poussière souillaient mes habits, les passagers qui montaient ou descendaient me bousculaient effrontément ; que m’importaient toutes ces choses auxquelles je ne pensais aucunement ; une seule pensée me préoccupait, un seul désir me tenait : revoir ma Rose le plus vite possible. Du haut de la plate-forme je voyais mieux la ville fuir rapidement derrière moi, et la campagne dérouler ses paysages avec la même rapidité : c’était le passé qui fuyait et l’avenir qui approchait. Le train arrêtait trop longtemps aux gares ; la foule qui descendait du train ou qui y montait était trop lente dans ses mouvements. Oh ! que j’étais impatient et que je souffrais du moindre retard. Enfin la sirène fait entendre un dernier son strident ; nous sommes à Ste-Martine.

Rose-Alinda, aussi anxieuse et impatiente que moi, est sur le quai de la gare. D’un bond je suis en bas de la plate-forme. Nous allions, ma Rose et moi, nous jeter