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L’AMOUR NE MEURT PAS

et demi d’absence, n’est-ce pas suffisant ?… Vous ne sauriez croire tout le baume que votre dernière missive a mis dans mon cœur malade. Malgré vos protestations, que de transes n’ai-je pas quelquefois. Je crains toujours de voir vos belles lettres se refroidir ; après, la tiédeur, et ensuite… l’abandon complet. Oh ! grand Dieu ! qu’il n’en soit jamais ainsi, car vous savez que je ne pourrais jamais supporter tant de malheur… Dorénavant je n’aurai plus de ces craintes chimériques. À présent que je suis certaine que mon Elphège m’aime, mes vœux sont exaucés. Vous ne pouvez vous faire une idée de la joie que j’ai ressentie en lisant ces quatre mots : « Je t’aime, ma Rose ». Oui, tu m’aimes mon Elphège, mais pas autant que ta Rose t’aime ».

Le mercredi suivant, le 4 août, ma Rose vint à Montréal. Nous nous revîmes enfin avec les transports de la plus grande joie. Nous avions trois heures de bonheur devant nous. Nous nous étions donné rendez-vous chez une amie intime de ma bien-aimée. Après une courte causette avec cette amie, nous la quittâmes pour aller faire une promenade par la ville afin d’être seuls et de n’avoir aucune oreille indiscrète qui nous entendît. Que de choses nous avions à nous dire, à nous redire, des choses que nous nous étions dites et redites bien souvent. C’était un mois d’absence qui finissait en cet après-midi de bonheur. Nous avons oublié un instant nos ennuis, nos larmes, nos craintes. Nous avions, pour quelques instants, le présent que nous aurions voulu retenir et enchaîner. Heures fugitives ! comme vous fûtes vite disparues. Je promis à ma Rose-Alinda d’aller la rejoindre le samedi suivant et de passer quelques jours avec elle.