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L’AMOUR NE MEURT PAS

l’oubli caché dans les plis de la science. Mais si je vois les beaux arbres qui encadrent ma fenêtre, l’espérance revient avec la verte couleur des feuilles ; ma vie se réveille et je me dis : j’irai moi aussi attacher des souvenirs à la campagne : j’irai jouir pendant quelques heures des entretiens si doux de l’amitié et de l’amour sincère. Je parlerai le matin, le midi, le soir, à tout instant à ma Rose. Je lui dirai mes chagrins ; j’entendrai les siens. Croyez-moi, Rose, ces soirées qu’on passe à la campagne, dans les petits sentiers, ou sur les vérandas à causer à deux, laissent des souvenirs ineffaçables pour toute la vie. Ces entretiens de deux âmes qui se comprennent, ayant pour témoins le soleil couchant, la première étoile qui brille au firmament, la lune qui se mire dans l’onde ou projette de grandes ombres aux pieds des arbres, ont un écho prolongé qui adoucit l’amertume de la vie. Oui, je veux confier des secrets aux herbes, aux arbres, aux collines ; car ces herbes, ces arbres, ces collines chanteront encore après la mort de l’ami le bonheur des jours de la jeunesse. J’irai écrire à côté du vôtre mon nom sur l’écorce de quelque jeune chêne, pour les y revoir plus tard, je devrais dire pour que tous deux, dans une heureuse vieillesse, nous les retrouvions. Oui, j’irai, ne fût-ce qu’une heure, juste le temps de murmurer entre deux baisers : « Je t’aime, ma Rose ».

Ma lettre était datée du 18 juillet : le premier août, Rose commençait ainsi sa missive : « Mon cher Elphège, vous n’avez pas besoin de me demander si je trouve mes vacances longues ; je suis rendue au paroxysme de l’ennui. Eh ! bien Elphège, il faut à tout prix que vous me promettiez de venir samedi prochain, le 7 août. Un mois